«… Le dos courbé, le regard aux aguets, les doigts crispés au fusil, nous avions franchi au pas de course des fossés vaseux, des boqueteaux où les arbres fracassés par la mitraille semblaient attendre le coup de grâce, des chemins que la déroute des canons avait labouré, des enclos où l’on eut dit que s’était abattu un ouragan de grêle, où des cadavres aux pieds nus aux faces d’épouvante pourrissaient sur un tapis de mirabelles, assaillis par des nuées de mouches bleues, nous nous étions élancés vers le brave innocent qu’avait supplicie l’ennemi.

Ce n’étaient que le long de la route qui montait lumineuse vers les vignes que des squelettes rouges et noirs de maisons, que des pans de murs calcinés, que des amas de décombres, que des ferrailles tordues, que de pauvres meubles brisés, que des tonneaux défoncés.

À l’orée du village apparaissait la façade aux brèches béantes de ce qui avait été un château, des terrasses, des charmilles, des arceaux de roses et comme un moignon de géant, le vénérable clocher à moitié effondré dont ne survivaient que la rosace et le cadran de la pendule. Soudain dans ce silence de nécropole, tintèrent graves, espacés, solennels, les douze coups de midi. »..

 

Extrait du carnet de guerre de Charles Homand, mitrailleur au 169e RI (source web)

En 2023, je découvre cet extrait évoquant la présence du 169e RI sur le secteur Souville entre le 11 et le 16 juillet 1916.
Jean-Luc Quémard, Riv54 
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