Nous sommes réveillées cette nuit par l’arrivée de Bertrand. On sonne à minuit… Il a vu la tombe à Dugny à l’ambulance.
J’apprends par l’oncle Guillaume qui vient me voir que Bertrand a écrit à son oncle pour lui dire que mon NÉNÉ BIEN AIMÉ EST MORT. Est-ce possible ! Est-ce croyable ! Mon Dieu, pourquoi m’avez-vous frappée de la sorte ? Mon pauvre chéri a été cruellement blessé dans la nuit du 12 au 13, une jambe écharpée, un pied broyé. Que de souffrances !
Bertrand arrive en permission du fond de la Lorraine (20h de route). Il est en bon état physique.
Conseil de révision pour Bertrand. Il est trouvé bon pour le service armé.
Arrivée à l’hôpital St Yves où le Major très bourru nous permet de voir notre cher blessé… Le pauvre enfant a le bras complètement traversé par un éclat d’obus qui l’a atteint aussi à la cuisse. (Elles restent à Quimper jusqu’au 22)
Enfin j’ai appris que mon fils Bertrand est à Quimper à l’hôpital… Nous allons aller le voir. Il faut aller à la mairie pour obtenir demi tarif sur le prix du voyage comme mère et soeur de blessé.
Nous envoyons de la poudre à Bertrand contre les poux des tranchées dont le pauvre garçon se plaint beaucoup. Ah ! Puisse-t-il la recevoir bien vite ! Raoul est à Bourges et vient à Paris le 5 Juillet. Il apporte une lettre de Bertrand et sur le dos de l’enveloppe écrit d’une main étrangère « légèrement blessé au bras droit. Suis évacué. »
Lettre de Bertrand qui a passé 4 nuits et 3 jours dans les tranchées… au nord d’Arras. Violents combats très meurtriers. Il y a de grosses pertes pour tous.